Air Sénégal : le nouveau directeur général est suspecté d'un « conflit d'intérêts évident ».

Nommé en août 2024, El Hadji Tidiane Ndiaye, le nouveau directeur général d’Air Sénégal, s'est engagé dans un ambitieux projet de redressement de la compagnie nationale, qui faisait face à d'importantes pertes financières et à de nombreux rendez-vous manqués avec ses clients lors de son arrivée. Alors qu'une amélioration est attendue, notamment grâce à une réduction des effectifs (sans licenciements, mais par non-renouvellement de contrats) et à la suppression de tous les vols vers l'Europe, sauf ceux à destination de la France, une controverse émerge. Le dirigeant de la compagnie est soupçonné de « conflit d’intérêts manifeste ».

Selon le journal Enquête, qui cite des sources proches de l'aéroport international Blaise Diagne (AIBD), l'entreprise privée Iris, dont Ndiaye est le principal promoteur, représente plusieurs compagnies concurrentes d'Air Sénégal, notamment Air Ivoire, qui est son principal rival sur de nombreuses lignes africaines. Un interlocuteur du journal souligne que « c’est un conflit d’intérêts évident, car Air Ivoire et Air Sénégal opèrent sur des lignes similaires avec les mêmes clients, ce qui pose un réel problème ».

De plus, des liens entre Flynas, également représentée par Iris, et Air Sénégal suscitent des interrogations. Flynas, une compagnie low cost saoudienne filiale de Saudi National Air Services, « assure souvent le transport des clients d’Air Sénégal pour le pèlerinage à La Mecque », rappelle Enquête. Le gouvernement a récemment décidé de retirer à Flynas un contrat de 12 à 14 milliards de francs CFA en accordant à Air Sénégal l'exclusivité du transport des pèlerins sénégalais vers les lieux saints de l'islam. Cependant, il semble que les Saoudiens pourraient recevoir une compensation, car « Air Sénégal serait en train de négocier la location d'avions auprès de Flynas », selon des sources d'Enquête, qui estiment que le directeur général pourrait privilégier le partenaire de son entreprise Iris. Cette option de location pour le transport des pèlerins est d'autant plus suspecte, note le quotidien, que la compagnie nationale « dispose de deux A330 actuellement en maintenance, dont l'un aurait pu être utilisé pour cette mission ».